Le Village de Portes

Portes un site patri­mo­nial et archéo­lo­gi­que, une friche indus­trielle.

Le Village de Portes fut une paroisse pres­ti­gieuse de l’Ancien Régime puis­que fief d’une noblesse puis­sante, les Budos. Son châ­teau cons­truit sur ce col, vigie défen­sive mais aussi véri­ta­ble car­re­four sur l’iti­né­raire de la Régordane se trouve à cheval entre le Gardon d’Alès et l’Auzonnet, en plein cœur des Cévennes, sur le pié­mont du Mont Lozère.

 La Révolution Industrielle davan­tage encore que la Révolution Française va cham­bou­ler le destin de la com­mune. C’est d’abord le déman­tè­le­ment du ter­ri­toire de Portes au profit de la créa­tion des villes cham­pi­gnons de la Grand’Combe en 1846 puis de la Vernarède en 1870. L’exploi­ta­tion inten­sive des mines de houille va causer la ruine du vil­lage et de son châ­teau.

L’acti­vité minière était ancienne à Portes puis­que les pre­miè­res men­tions du char­bon de terre remon­tent au XIIIe siècle bien que ce der­nier y était exploité de façon arti­sa­nale pour four­nir l’énergie néces­saire aux fours à chaux de la région. Le Seigneur de Portes affer­mait les mines à des petits exploi­tants. L’arri­vée de François Tubeuf en 1780, qui avait reçu du duc de Castries, sei­gneur de Portes, le permis d’exploi­ter dans toute la région, lance une ère proto-indus­trielle, avec une exploi­ta­tion par le fond ratio­na­lisé. Il faudra atten­dre 1840 qui cor­res­pond à l’arri­vée du chemin de fer à la Grand’Combe pour que l’exploi­ta­tion indus­trielle y démarre véri­ta­ble­ment.
 En 1855, le grand finan­cier Jules Mirès crée la Compagnie de Portes et Sénéchas qui pro­duit 
150 000 tonnes de char­bon par an. Il reste aujourd’hui de très nom­breu­ses traces de cette acti­vité : plans incli­nés, entrées de gale­ries murées, bâti­ments de trai­te­ment du char­bon etc., véri­ta­ble épopée racontée à la Maison du Mineur de la Grand’Combe. La com­pa­gnie de Portes et Sénéchas pour­tant pro­met­teuse durant le Second Empire a par la suite végété au XXe siècle, malgré la qua­lité reconnu de son char­bon. Des erreurs de pros­pec­tion, et des mau­vais choix 

sem­blent être à l’ori­gine de son lent déclin. Cette Compagnie qui emploie pour­tant près de 2000 ouvriers par an pen­dant près d’un siècle n’a été long­temps qu’une suc­cur­sale de la Société de l’éclairage au gaz, des fon­de­ries et hauts four­neaux de Marseille créée par Jules Mirès pour éclairer Arles et la Cité pho­céenne, et a donc peu de débou­chés com­mer­ciaux. A noter que la pro­duc­tion locale de coke y était assez impor­tante. Celle-ci cor­res­pond à la demande d’une clien­tèle essen­tiel­le­ment indus­trielle : le coke qui est un char­bon pré­cuit (même pro­cédé que le bois qui devient char­bon de bois) est uti­lisé dans cer­tains hauts four­neaux et par les pre­miè­res loco­mo­ti­ves à vapeur car sa com­bus­tion s’avère plus lente après ce condi­tion­ne­ment. Le vil­lage de Portes va faire les frais de cette exploi­ta­tion inten­sive du char­bon à ses alen­tours. En effet pour faire face à une demande en hausse lors de la pre­mière Guerre Mondiale, des gale­ries sont même creu­sées sous les habi­ta­tions, cau­sant des dégâts irré­ver­si­bles au châ­teau et des mai­sons qui le cein­tu­rent. Le vil­lage – à l’empla­ce­ment du par­king actuel – doit être détruit à la hâte en 1931, après le cons­tat d’énormes fis­su­res et d’effon­dre­ments. Derniers ves­ti­ges de ce vil­lage mil­lé­naire : les pla­ta­nes de la cour de l’école. Des cités ouvriè­res sont cons­trui­tes un peu plus bas, de chaque côté de la dépar­te­men­tale, pour relo­ger les habi­tants expro­priés. L’église est dépla­cée. Seul le châ­teau échappe à ce sort malgré un état de ruines avancé.