Histoire & Architecture

Commandant le pas­sage des Cévennes, le Château de Portes, classé Monument his­to­ri­que, se dresse fiè­re­ment sur son col et domine les val­lées du Sud du Mont Lozère. Point de pas­sage obligé, il sur­veille tout au long du Moyen-Age, la route des pèle­rins de Saint-Gilles et des Croisés partis pour la Terre Sainte par le chemin de Régordane (aujourd’hui GR700).

Autour d’un corps de logis, s’élevèrent du XIe au XVIe siè­cles, murailles, tours, logis et gale­ries à arca­des par cam­pa­gnes suc­ces­si­ves. La der­nière édification fut l’édification vers 1600 du « Château-Neuf », haut et énigmatique bâti­ment de plan trian­gu­laire adossé à la for­te­resse médié­vale et cons­truit en grand appa­reil de grès doré sur la base d’un éperon très effilé, tel une proue de navire, qui lui a valu le surnom de « vais­seau des Cévennes ». Ce monu­ment qui célè­bre le mariage du Moyen-Age et de la Renaissance était habité jusqu’au début du XXe siècle avant que les Mines ne chan­gent le destin du vil­lage.

Les visi­teurs peu­vent décou­vrir le bas­tion renais­sance, com­posé de trois étages d’habi­ta­tion et des cui­si­nes. Chaque pièce pos­sède une che­mi­née monu­men­tale, qui l’hiver fonc­tion­nent encore. Au sommet, une pla­te­forme à 32 mètres d’élévation offre une vue cir­cu­laire sur les val­lées envi­ron­nan­tes du Mont Lozère à la plaine alé­sienne, et par temps clair sur le mont Ventoux. L’été, vous avez la pos­si­bi­lité de décou­vrir le tra­vail des béné­vo­les dans la cour du châ­teau, depuis la gale­rie d’Anduze. Les pièces du châ­teau accueillent régu­liè­re­ment des expo­si­tions thé­ma­ti­ques à des­ti­na­tion des sco­lai­res et des artis­tes céve­no­ls expo­sent chaque été leurs œuvres.

État restitué graphiquement du début du XXe siècle
Hypothèse d’après diverses archives et observations in-situ, coupe-élévation sur la cour

par Claire Moucheboeuf Guiorgadzé, architecte.

Sur le chemin de pèle­ri­nage d’Orléans à Saint Gilles, Portes sur­veillait le pas­sage des Cévennes sur dix lieues.

Daté du XIéme, il pourrait être à l’initiative de Raymond Ier d’ Anduze (env. 1047-1114), premier seigneur des Portes connu.

Propriété de la Maison d’Anduze, il abouti à Guillaume  de Châteauneuf-Randon par la succession de son grand-père maternel, Bernard VIII d’Anduze au XIIIéme.


Raymond-Guillaume de Budos, neveu du pape Clément V, achète le à Guillaume de Randon Polignac, seigneur de Luc, la baronnie des Portes-Bertrand.

La sei­gneu­rie devient de plus en plus riche et puis­sante jusqu’à ce que Louis XIII érige Portes en mar­qui­sat en faveur d’Antoine Hercule de Budos à qui l’on doit sans doute le Château Neuf. Son père est évêque d’Agde, une de ses soeurs duchesse de Montmorency, une autre abbesse de « l’Abbaye des Dames » de Caen. Maréchal de Camp, il est tué au siège de Privas en 1629. Sa fille, Marie-Félice, laisse le châ­teau en héri­tage à son neveu, le Prince de Conti, en 1693, que son des­cen­dant vend à Louis XVI en 1781.

A la Révolution, le bien est natio­na­lisé et vendu à six pro­prié­tai­res suc­ces­sifs. Il abou­tit en 1841 entre les mains de la famille de La Vernede qui fera res­tau­rer le monu­ment alors en mau­vais état. A la suite d’exploi­ta­tion inten­sive des mines de char­bon sous le site, les ter­rains s’effon­drent pro­vo­quant la ruine du châ­teau, évacué en 1929, et la démo­li­tion du vil­lage rebâti 300 m. plus loin. Vers 1960, les ter­rains sont sta­bi­li­sés. En 1969, l’asso­cia­tion est créée afin de sauver le châ­teau. Le châ­teau est classé Monument his­to­ri­que depuis 1984.

Jusqu’à la fin du XIII e siècle, il y avait là un châ­teau qua­dran­gu­laire flan­qué de tours car­rées, bâti en gros moel­lons de grès. Au XVI e siècle appa­ru­rent fenê­tres à meneaux, gale­ries et esca­lier droit sur la cour d’hon­neur. Au début du XVII e siècle, à l’angle Sud-Est, fut édifié en grand appa­reil un haut bâti­ment, le Château Neuf, en forme d’éperon très effilé qui fait toute l’ori­gi­na­lité et la gloire du monu­ment. A part les res­tau­ra­tions du XIX e siècle, il ne semble pas que la châ­teau ait vu d’autres tra­vaux jusqu’à la ruine de 1929. En 1969, le châ­teau pré­sen­tait de larges failles et des ouver­tu­res aux intem­pé­ries. Les bâti­ments médié­vaux avaient perdu toi­tu­res et étages, l’aile Sud s’était écroulée. Au cou­chant, la façade d’arri­vée, munie d’une porte à assom­moir, est pré­cé­dée d’une bar­ba­cane et enca­drée de deux tours rondes, dont une for­te­ment talu­tée. La cour d’hon­neur pré­sente une gale­rie en arcade au sommet des cour­ti­nes Ouest et Nord. Au midi, une gale­rie basse aux v o ûtes res­tau­rées, pré­cède le bâti­ment Sud ruiné. A l’angle Sud-Ouest, l’esca­lier droit des­sert les dif­fé­ren­tes gale­ries. Au levant, un bâti­ment, flan­qué au Nord-Est d’une tour carrée, contient les traces d’une grande che­mi­née du XIV e ou XV e siècle, sans doute celle des cui­si­nes médié­va­les.

Raymond Guillaume de Budos, neveu du pape Clément V, achète la sei­gneu­rie en 1322, agran­dit le châ­teau et le flan­que d’au moins deux tours. En 1384, Thibaud de Budos récu­père Portes enlevé à son père André qui avait pris le parti des Anglais au début de la Guerre de Cent Ans.